L'ancien de la semaine : Hervé Ansquer

 

USP saison 1968/1969

Avais-tu un surnom ? Si oui d'où venait-il ?

Non

Par contre, tu avais une façon particulière de faire les dégagements, non ?

Ah je dégageais au pointu ! Comme ça, la balle touchait le sol, elle fusait et prenait de la vitesse.

T'étais quel type de joueur ? Un technicien ? Un bourrin ?

Un technicien. J'aimais beaucoup jongler. Je jouais demi-gauche et mon grand truc c'était de faire le plus possible de transversales pour renverser le jeu et alerter l'ailier droit. C'était Jean-Claude Bellec et il adorait ça. "Tu m'envoies des balles formidables" qu'il me disait. Et j'aimais aussi remonter le long de la ligne de touche et aller au point de corner pour centrer.

 

Le premier souvenir qui te vient à l'esprit quand je te parle de l'USP ?

C'est la montée en première division en 1959. Le club a été créé en 1957 mais la première année nous n'avions fait que des matchs amicaux. En ce temps-là, il y avait quatre deuxième division. Et le premier de chaque groupe était qualifié pour une série de barrages. On avait battu Daoulas chez nous 2 à 1, le deuxième match on avait perdu à Berven 3 à 1. Et le troisième match était à Lesneven sur terrain neutre contre Plabennec. On a battu Plabennec A 2 à 0. Tu vois le chemin qu'ont fait les deux équipes depuis.

T'y as joué de quand à quand ?

D'abord de 1957 à 1961. Je suis alors parti faire mon service militaire. Puis il y a eu la guerre d'Algérie qui a décimé l'USP puisque beaucoup de joueurs y sont allés. Quand je suis revenu d'Algérie, il n'y avait plus de club. Il avait été dissout faute de joueurs. A mon retour d'Algérie, j'ai trouvé du travail à Quimper et j'ai signé à la Phalange d'Arvor de Quimper. C'était un club de Promotion. Ensuite je suis allé à Pont L'Abbé et j'ai signé à l'US Pont L'Abbé, également club de promotion avec lequel on avait battu Penmarc'h en Coupe de France puis joué contre la Stella Maris de Douarnenez. Après j'ai trouvé du travail chez un géomètre et je suis revenu à Plouigneau vers 1963. A l'époque, je voulais que l'on ait un club sérieux mais je sentais que ça ne convenait pas. C'est Jean-Paul Juiff qui était président, je n'avais rien contre lui, mais il n'y avait pas une volonté de faire une bonne équipe. Résultat : j'ai tourné le dos et je suis parti à Garlan pendant quatre ans. Puis je suis revenu à Plouigneau pour toujours.

C'était qui tes coéquipiers de l'époque ?

J'ai joué par exemple avec Robert Ragel, Jean-Claude Bellec, Jean-Yves Nédellec, Jean Saint-Jalme. J'en garde un très bon souvenir. C'était sympa. Il est arrivé ensuite au club un gars qui s'en est occupé sérieusement parce qu'il avait vraiment l'amour du foot. C'est Yffic Rihouay à qui je rend hommage. Il a longtemps été président et aurait aussi mérité que l'on donne son nom au nouveau stade. Moi, j'aurais voulu faire de l'USP un club modèle. Quand on sortait du vestiaire, j'avais quasiment exigé qu'on arrive sur le terrain en rang comme les pros. On rejoignait le terrain au petit trot l'un derrière l'autre. Tout le monde se foutait de ma gueule en disant "non on va pas faire ça". Il y avait souvent plus de joueurs que de spectateurs mais ça fait rien on se tournait vers le foyer rural pour saluer même s'il n'y avait personne. J'étais un peu comédien.

 

 





 

Tu as une anecdote de l'époque à nous raconter ?

J'en ai plein. Il y avait les déplacements en car. A l'époque, les supporters venaient avec nous pour chaque match à l'extérieur. Avec tous les jeunes, on allait au fond du car parce qu'on chantait des chansons un peu osées. "La digue du cul en revenant de Nantes. De Nantes à Montaigu la digue la digue, de Nantes à Montaigu la digue du cul" Alors Armand Le Du nous disait : "Eh oh les gars chut, il y a des enfants devant" Le car partait du Café des sports, c'était le car Cité de Lannéanou. Et quand il était arrêté, il marquait 70 à l'heure. Alors il était à peine arrivé à Kerbriand qu'il était déjà à 120 ! Dans la descente, on disait au chauffeur : "allez vas-y on est à 120 déjà"

Super ambiance...

Ah ben les supporters n'auraient raté un déplacement pour rien au monde. Dans le car, on chantait : "Non, non, non, l'USP n'est pas morte, car elle gagne encore, car elle gagne encore; quand l'USP ira en Angleterre on y enverra son équipe première. 5 avants qui dribblent, 3 demis terribles, 2 arrières costauds et un goal dans les poteaux ! "

Chaque week-end, il y avait aussi le vin chaud. Qu'on joue à Plouigneau ou à l'extérieur, on se retrouvait tous après le match dans un café. Il y avait du vin chaud, du pâté et du saucisson. On refaisait le match et on faisait des pronostics pour le suivant. Il y avait vraiment une super ambiance. C'est ça qui était formidable. Il y avait une chaleur autour du club. C'est ce dont j'ai toujours rêvé pour l'USP. Moi je rêve d'une tribune pleine à Plouigneau et que l'on arrive à créer quelque chose autour du club. Créer une famille USP. Mais maintenant toutes ces choses là, c'est loin. Pour moi, l'USP ça représentait vachement de choses.

Y a-t-il un joueur avec lequel tu as joué et qui t'a impressionné ?

Michel Le Guern bien sûr. Mais il ne fallait pas râler avec lui. Et moi j'avais toujours tendance à râler. Il venait me trouver et me disait : "Tais toi. Mets des petits coups en douce dans les chevilles et puis c'est bon". Un jour, j'avais eu un problème avec Petit Cosquer l'arbitre de Plougonven. Je lui avais dit : "Con va". Alors il m'a dit : "Dehors monsieur, dehors !" Pourquoi ? "Vous m'avez dit con". "Mais non j'ai dit bon" Michel Le Guern a confirmé "il a dit bon". Alors le capitaine de Gas de Plougasnou qui s'appellait Masson était intervenu et avait dit : "Con ou bon, on va pas faire un rata avec ça. Allez hop". Du coup, je n'avais pas été exclu.

Je me souviens que Michel Le Guern était surnommé Bull en rapport avec le Bulldozer. C'est vrai qu'il était costaud. Et l'arrière droit, Roger Prigent, était surnommé Nasser parce qu'il avait la moustache et ressemblait au président de l'Egypte. Avec eux, ça ne rigolait pas. Une fois à Huelgoat, l'attaquant filait au but. Bull et Nasser sont revenus à fond et il y a une collision entre les trois dans un grand nuage de poussière. L'arbitre arrive, siffle un coup franc et Michel Le Guern demande : "Il y a quoi là ? Y a rien à part de la poussière !"

Que deviens-tu aujourd'hui ? Age, lieu de résidence, profession, vie familiale, passions...

J'ai 70 ans. Je suis en retraite depuis cinq ans. Je pense que tout le monde sait ce qu'il m'est arrivé. Je suis paralysé alors il n'est pas question de reprendre le foot hein !

 

 

 

 

 

 


Suis-tu les résultats de l'USP ?

Oh ben oui évidemment. Je suis même heureux de voir que cette année l'USP réagit. Chaque dimanche soir, j'appelle pour récolter les résultats pour Le Télégramme. Et je suis bien sûr les résultats des professionnels puisque je suis un supporter indéfectible du Stade rennais depuis que j'ai habité à Rennes.

Un message à faire passer via le site de l'USP ?

Je dirais aux gens du club de faire du mieux qu'ils peuvent et de donner une âme à l'USP. Et d'essayer d'en faire un club qu'on aime et qu'on aurait plaisir à voir par exemple évoluer en Ligue. Qu'ils aiment le foot, qu'ils dévorent le ballon, qu'ils aient plaisir à shooter dedans ! C'est le plus important !

Pour finir, as-tu une photo de toi à l'USP à m'envoyer ?

Oh des photos de l'USP, j'en ai fait beaucoup. J'ai été correspondant du Télégramme pendant 30 ans à Plouigneau. J'ai photographié toutes les équipes de jeunes et de seniors chaque année. Cela fait quelques milliers de photos.

Hervé félicité pour ce témoignage

Après cette interview, Hervé Ansquer a reçu plusieurs coups de fil de gens le félicitant. Hervé en profite pour préciser que l'équipe type de la saison 58/59 était Yvon Le Levier (goal), Roger Prigent (arrière droit), Roger Le Guern (arrière gauche), Claude Pichon (demi droit), Michel Le Guern (demi centre), Hervé Ansquer (demi gauche), Jean-Claude Bellec (ailier droit), Paul Le Vezo (inter droit), Jean Cloarec (avant centre), Jean Donnard (dont le frère a été professionnel au Stade rennais, inter gauche), Emile Picard (ailier gauche).